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    "Un monde parallèle qu'on appelle le vortex cannois" : Camille Cottin ouvre le Festival de Cannes 2024 avec humour et classe
    Yoann Sardet
    Rédacteur en chef depuis 2003 - Fan de SF et chasseur de faux raccords et d’easter-eggs, cet enfant des 80’s / 90’s découvre avec passion, avidité et curiosité tous types de films et séries.

    Le 77e Festival de Cannes est officiellement ouvert. La comédiennes Camille Cottin était la (formidable) maîtresse de cérémonie de cette édition 2024.

    France TV

    Le Festival de Cannes 2024 est lancé. Et c'est Camille Cottin qui a eu la lourde tâche de jouer les maîtresses de cérémonie pour ouvrir les festivités de cette 77e édition. Un rôle loin d'être évident, encore plus quand la manifestation est traversée par des questionnements et enjeux sociétaux, environnementaux ou géopolitiques.

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    La comédienne française, inoubliable Connasse qui mène désormais une très belle carrière entre la France et les Etats-Unis, a rempli cette mission de très belle manière et avec beaucoup de classe : en musique, avec légèreté même en évoquant des sujets graves, Camille Cottin a ainsi livré un discours aussi enlevé (en évoquant le "vortex cannois") que puissant.

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    Le 77e Festival de Cannes, qui s'ouvre sur la projection du Deuxième Acte de Quentin Dupieux hors compétition, se tient du 14 au 25 mai.

    "Les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d'hôtel des messieurs tout puissants ne font plus partie des us et coutumes"

    "C'est un honneur et une joie immense de vous accueillir dans ce palais mythique. Vous l'ignorez peut-être, mais vous vous apprêtez à entrer dans un monde parallèle qu'on appelle le vortex cannois. Dans ce monde, l'espace, le temps, la santé aussi, vont devenir des notions un peu floues. Ne vous inquiétez pas, c'est normal".

    "Dans ce monde, le jour et la nuit se confondent. On part en projection très tôt le matin, sans avoir dormi, et on donne ses rendez-vous professionnels en pleine nuit sur une plage qui porte le nom d'une marque. C'est normal. Oui, je précise que les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d'hôtel des messieurs tout puissants ne font plus partie des us et coutumes du Vortex cannois. Suite à l'adoption de la loi #MeToo. Et on s'en félicite".

    "Ici, on ne sait plus du tout évaluer les distances, surtout quand on les parcourt en talons aiguilles. On ne dit pas un kilomètre, mais un Majestic Martinez. On prend des berlines pour faire 20 mètres. Et quand on a monté 24 marches, on a l'impression d'avoir gravi l'Everest. Votre échelle de valeur aussi risque d'être sérieusement perturbée. Par exemple, ça ne choque personne que certaines coiffures prennent plus de temps et de moyens à être réalisé qu'un court métrage".

    "Au bout de sept jours de festival sans dormir, vous allez peut-être éprouver le même sentiment d'injustice devant un film qui dénonce la dictature que parce qu'on vous a refoulé à l'entrée d'une soirée. Préparez-vous aussi à croiser des gens tout à fait équilibrés qui seront prêts à tout pour dormir dans la baignoire d'un Airbnb sans fenêtres bien placé en centre-ville. Je sais, je l'ai fait".

    "Ici, on parle d'argent comme on parle d'amour"

    "Dans ce monde étrange, on voit des films toute la journée et on en discute toute la nuit. D'ailleurs, personne ne parle la même langue et pourtant, tout le monde se comprend. Ici, les apparences sont trompeuses et sous les smoking et les robes de princesse se cachent parfois des punks et des résistantes. Ici, comme disait Agnès Varda, on parle d'argent comme on parle d'amour. Et quand on se plonge dans l'obscurité, c'est pour y trouver la lumière".

    "Ça paraît complètement fou, je sais. Mais le plus fou, c'est que c'est vrai. Ce n'est pas un monde parallèle. Ce monde-là existe. Ce rendez-vous des cinéphiles du monde entier, ce lieu de rencontres, de dialogues, de débats, de pensées, de culture, d'émerveillement. C'est ici et maintenant. Un moment où l'état du monde nous inquiète, voire par endroits nous glace le sang, où des lignes de fractures profondes divisent les peuples, où la planète brûle, où notre intelligence collective pourrait devenir artificielle..."

    "Un tel lieu de retrouvailles est une chance inouïe"

    "Un tel lieu de retrouvailles est une chance inouïe. Chaque année, à Cannes, on vient prendre une photo de notre humanité. On vient faire le plein d'espoir. C'est infiniment beau, infiniment précieux".

    En 1945, le réalisateur américain David W. Griffith, a lancé cette prophétie : 'En 2024, le cinéma aura contribué à éliminer de la surface du monde civilisé tout conflit armé'. Alors, David, on n'est pas complètement dans les temps. On est un peu charrette, mais on y travaille. C'est promis".

    "Mesdames, messieurs, chers invités, chers amis, bienvenue au 77ème Festival de Cannes."

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